jeudi 7 novembre 2013

QUE SERT-IL A UN HOMME DE GAGNER LE MONDE ENTIER, S'IL PERD SON ÂME ?

 
MATRICE CONCEPTUELLE "JUBILÉ"

Le « jubilé » de l’ancien testament fournit une pertinente matrice conceptuelle pour la compréhension de la problématique: l’Église et la mondialisation.

Ce mot, procédant de l’hébreu « Yobel », signifie « corne de chèvre », qu’on devait utiliser comme trompette pour proclamer, tous les 50 ans, l’ouverture d’une année particulière pour Israël : l’année du Jubilé au cours de laquelle devaient être exécutées les prescriptions du chapitre 25 du Lévitique enjoignant principalement le rachat  de la propriété et la libération des esclaves.

La configuration sociale d’Israël, structurée autour de l’appartenance à une tribu, une famille, avec la propriété foncière et immobilière comme constituants de la prospérité, devait  être régulée de telle sorte que toute propriété qui avait été vendue, pour différentes raisons, devait être restituée au propriétaire initial, au moment du Jubilé; de même, ceux qui  avaient été contraints de se vendre, pour insolvabilité, devaient être libérés.

Ces prescriptions revêtaient une fonction éthique, de régulation et d’équilibrage du système économique et social du peuple, en faisant obstacle à l’accumulation et à la concentration excessives, abusives, des richesses entre les mains d’une minorité au détriment des droits fondamentaux à la vie d’une majorité d’exclus, spoliés, assujettis, asservis, laissés-pour-compte, sans pouvoir ni avoir.

Ces mêmes prescriptions - dont on n’est d’ailleurs pas certain qu’elles aient bien été pratiquées en Israël - offraient l'avantage de rappeler au peuple l'irréductible réalité de « l’Autorité Souveraine Absolue de Dieu sur les biens et les personnes, sur son peuple»  (LÉVITIQUE 25:23,42,55).

Dieu portait ainsi à la connaissance de son peuple que nul ne peut demeurer l'esclave de son prochain, car tous sont serviteurs de Dieu seul, que toute la terre est sa propriété et qu’il est alors légitime titulaire d’un droit d’intervention sur sa création, pour en dénoncer, corriger les distorsions induites par le péché des hommes et inciter ceux-ci au respect de l’ordre créationnel.

Ce précédent, du jubilé, par sa mise en évidence de la tendance irrésistible de tout individu ou groupe d’individus, détenteurs monopolistiques d’un droit ou d’un pouvoir sur leur  prochain, à en abuser ainsi que de l’indispensabilité d’un dispositif de sécurité garant de la dignité de chaque être humain - préalablement sur le  plan naturel .... dans l’attente de conversion ultérieure - permet à l’Église de mieux cerner et déterminer l’ampleur de ses responsabilités, dans la perspective de l’accomplissement de sa mission spirituelle face à la mondialisation.

Ce modèle du jubilé, « idéal de justice globale », pourrait être utilement considéré comme source de réflexion sur les notions de partage, de solidarité entre nations, régions, communautés et individus, mais bien évidemment, en fonction des données spécifiques du monde actuel.

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