MATRICE CONCEPTUELLE "JUBILÉ"
Le « jubilé »
de l’ancien testament fournit une pertinente matrice conceptuelle pour la
compréhension de la problématique: l’Église et la mondialisation.
Ce mot,
procédant de l’hébreu « Yobel », signifie « corne de chèvre », qu’on devait
utiliser comme trompette pour proclamer, tous les 50 ans, l’ouverture d’une
année particulière pour Israël : l’année du Jubilé au cours de laquelle
devaient être exécutées les prescriptions du chapitre 25 du Lévitique
enjoignant principalement le rachat de
la propriété et la libération des esclaves.
La
configuration sociale d’Israël, structurée autour de l’appartenance à une
tribu, une famille, avec la propriété foncière et immobilière comme
constituants de la prospérité, devait
être régulée de telle sorte que toute propriété qui avait été vendue,
pour différentes raisons, devait être restituée au propriétaire initial, au
moment du Jubilé; de même, ceux qui
avaient été contraints de se vendre, pour insolvabilité, devaient être
libérés.
Ces
prescriptions revêtaient une fonction éthique, de régulation et d’équilibrage
du système économique et social du peuple, en faisant obstacle à l’accumulation
et à la concentration excessives, abusives, des richesses entre les mains d’une
minorité au détriment des droits fondamentaux à la vie d’une majorité d’exclus,
spoliés, assujettis, asservis, laissés-pour-compte, sans pouvoir ni avoir.
Ces mêmes
prescriptions - dont on n’est d’ailleurs pas certain qu’elles aient bien été
pratiquées en Israël - offraient l'avantage de rappeler au peuple
l'irréductible réalité de « l’Autorité Souveraine Absolue de Dieu sur les biens
et les personnes, sur son peuple»
(LÉVITIQUE 25:23,42,55).
Dieu portait
ainsi à la connaissance de son peuple que nul ne peut demeurer l'esclave de son
prochain, car tous sont serviteurs de Dieu seul, que toute la terre est sa
propriété et qu’il est alors légitime titulaire d’un droit d’intervention sur
sa création, pour en dénoncer, corriger les distorsions induites par le péché
des hommes et inciter ceux-ci au respect de l’ordre créationnel.
Ce précédent,
du jubilé, par sa mise en évidence de la tendance irrésistible de tout individu
ou groupe d’individus, détenteurs monopolistiques d’un droit ou d’un pouvoir
sur leur prochain, à en abuser ainsi que
de l’indispensabilité d’un dispositif de sécurité garant de la dignité de
chaque être humain - préalablement sur le
plan naturel .... dans l’attente de conversion ultérieure - permet à
l’Église de mieux cerner et déterminer l’ampleur de ses responsabilités, dans
la perspective de l’accomplissement de sa mission spirituelle face à la
mondialisation.
Ce modèle du
jubilé, « idéal de justice globale », pourrait être utilement considéré comme
source de réflexion sur les notions de partage, de solidarité entre nations,
régions, communautés et individus, mais bien évidemment, en fonction des
données spécifiques du monde actuel.
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